Le 29 avril, Nicolas et Mathias nous ont accueilli au sein de leur atelier. Ils nous ont fait découvrir leur métier de bijoutiers ainsi que leur technique unique de fonte au sable.
crédit photo: Charlotte Dagon / atelier Septentrion
Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Je m’appelle Nicolas Mangin, j’ai 40 ans, et voici Mathias Badem qui à 33 ans. Tous les eux, on s’est rencontrés à l’école de bijouterie à Ploërmel dans le 56. Pour nous deux, il s’agit d’une reconversion professionnelle, et dans cette école, on a passé un cap en 2 ans.
A la sortie du cap en 2015, on est parti chacun de notre côté, on a travaillé à droite et à gauche afin de gagner en expérience ; donc principalement sur Paris car c’est là-bas que l’on va trouver des grandes maisons ce genre de chose.
Ensuite on est revenu à Rennes, puis on a décidé de s’associer en 1019 pour monter l’atelier septentrion.
Pouvez-vous nous présenter l’Atelier Septentrion ?
Quand on a ouvert, l’idée c’était de proposer une bijouterie un peu alternative, différente de ce que l’on trouve habituellement.
Dans la tête des gens, un bijou c’est lisse et brillant, et nous on voulait proposer autre chose, avec une esthétique qui peut être assez clivante, mais qui au final ne laisse pas indifférent, et c’est ça qui est important.
Tout le travail de l’atelier est basé autour de la technique de la fonte au sable qui est une technique qui est très peu utilisée en bijouterie. C’est une technique qui date de l’âge du bronze, qui est toujours utilisé mais plutôt dans l’industrie. C’est cette technique qui donne cet aspect un peu brut et reconnaissable de nos bijoux.
Quand on réalise un moule et que l’on coule un bijou, à la fin de la coulure le moule est obligatoirement détruit, ce qui signifie qu’il n’est pas possible de recouler deux fois à l’intérieur d’un même moule ; ce qui rend chaque bijou unique. C’est le sable du moule qui va donner la forme du bijou. Par exemple, la température extérieure, la manière dont je vais tasser le moule, ou encore la vitesse à laquelle je vais couler mon bijou va jouer sur l’aspect final du bijou.
Notre atelier est situé dans Rennes au niveau du mur habité, qui est un vivier d’artisans créateurs qui a été choisi par la ville de Rennes pour dynamiser un peu le quartier. Donc vous avez huit box d’une vingtaine de mètres carrés, comme celui dans lequel on se trouve qui accueil des artisans et des artisans d’art.
Pourquoi avoir donné ce nom à votre atelier ? Y a-t-il une signification particulière ?
Le septentrion, c’est la désignation latine de la grande ourse, ça vient du latin « septemtriones ». C’est aussi en langage soutenu un synonyme du Nord.
Ce mot là en plus de nous plaire, il a une signification, la grande ourse servait à l’époque aux navigateurs pour se repérer. Dans le mot septentrion il y un petit peu tout ça, un peu d’aventure, de découverte, de voyage, de rêve… Et l’atelier c’est l’endroit où l’artisan travail, donc ça a une signification plus terre-à-terre. On trouvait que l’association des deux mots « atelier » et « septentrions » allaient plutôt bien ensemble.
Quelles sont vos principales valeurs ?
On essaie toujours de faire du mieux qu’on peut pour valoriser l’artisanat ne pas avoir de sous-traitance, c’est-à-dire qu’on fait absolument tout ici à l’atelier. Les seules sous-traitances que l’on va avoir ça va être avec des collègues artisans qui ont des compétences que l’on maîtrise moins bien comme le sertissage, le polissage ou la gravure. Mais dans tous les cas on fait appel à des collègues qui se trouvent sur Rennes ou pas très loin comme le graveur avec lequel on travaille qui se trouve sur Nantes.
On attache aussi beaucoup de valeur à la qualité des produits que l’on propose. On veut produire des bijoux qui correspondent à celui qui le porte, qu’il soit à son goût et de la bonne taille de doigt.
Et enfin la transparence c’est aussi quelque chose qui me tient à cœur, le fait que cet atelier soit ouvert tout le temps au grand public ça permet aux gens de comprendre aussi ce qu’il y a derrière le produit qu’ils achètent. On aime expliquer aux gens comment sont fait les bijoux, et justifier aussi pourquoi est-ce qu’ils ont ce prix-là. En effet un bijou c’est de la matière, mais aussi du temps de travail et de la main d’œuvre.
En moyenne combien de temps mettez-vous à réaliser un bijou ?
Avec la technique que l’on utilise c’est un petit peu particulier, Une chevalière on peut la faire entre 1h et 1h30. La technique de la fonte au sable nécessite d’avoir une matrice, donc une matrice c’est un bijou que l’on fabrique une première fois et ensuite on le moule. Ce qui fait que lorsque l’on a commencé la conception d’une matrice prend énormément de temps. En amont on a mis 6 mois à concevoir tout ça. IL y a aussi fallu maîtriser la technique de la fonte au sable qui est peu utiliser en bijouterie et que l’on n’a pas apprise à l’école. Donc on l’a apprise nous-même, on s’est trompé énormément de fois, on s’est renseigné en ligne, on a été voir des fondeurs, on a discuté ect. Maintenant on la maîtrise car ça fait 2 ans, même s’il y a parfois des ratés. Donc si on réussit du premier coup, ça nous prend jusqu’à 1h30, mais si on se loupe ça prend tout de suite beaucoup plus de temps.
Comment avez-vous eu l’idée de vous lancer sur ce créneau ?
Quand on s’est installé, évidemment on a regardé un petit peu ce que faisait les concurrents, et l’idée c’était de savoir comment est-ce qu’on allait pouvoir se démarquer. Mathias et moi, quand on était indépendant on faisait chacun des bijoux qui était un peu brutes déjà. On s’est rappelé de cette technique qu’on avait évoqué à l’école, et c’est de là qu’est parti l’idée, on s’est dit que ce serait intéressant de travailler avec cette technique, de tout miser là-dessus, et que ça devienne notre marque de fabrique.
À la base, les bijoux que l’on produit sont unisexe, mais l’aspect très brute de nos bijoux fait qu’on attire une clientèle qui est plutôt masculine.
Qu’est ce qui fait qu’un bijou est un beau bijou, et surtout un bijou de qualité selon vous ?
La beauté d’un bijou, c’est très subjectif, ça dépend des goûts de chacun, tout le monde a ses préférences. Donc pour la beauté d’un bijou, il n’y a pas vraiment de critères car c’est propre à chacun.
Pour la qualité d’un bijou, c’est l’alliage et la matière utilisée qui vont faire qu’un bijou est ou non de bonne qualité.
On fait très peu de bijoux en argent ou en or pur, car ce sont des métaux qui sont malléables, ils sont mous. Ce qui fait que si vous réalisez un bijou en argent ou en pur, le bijou ne se tient pas même si la matière est au top.
Comment choisissiez-vous les matériaux que vous êtes amené à utiliser ?
On ne travaille que les métaux précieux, donc l’or, l’argent, le palladium et voilà. Pour l’instant on a quelques bijoux avec des pierre précieuses et semi précieuse, ça dépend, c’est souvent du sur commande.
Vous faites aussi du sur-mesure, est ce que vous pouvez nous en parler ?
On est artisans bijoutier donc si quelqu’un veut quelque chose de très poli avec des diamants, on est capable de le faire, c’est juste qu’on n’a pas forcément envie de faire ce type création, car ce n’est pas notre marque de fabrique. La technique de la fonte au sable est vraiment au centre de notre travail, ce qui fait que les gens qui viennent nous voir pour du sur mesure, ils viennent, car ils adhèrent à cette technique-là, et ils s’attendent à un rendu qui correspond à notre technique et notre style.
A la suite de cette Interview, nous avons eu la chance d’assister à une démonstration de fabrication d’une chevalière avec la technique de la fonte au sable utilisée par Nicolas et Mathias. Rendez-vous sur notre Instagram pour visionner l’interview et la fabrication en vidéo.
Les coordonnées de l’atelier septentrion :
Site internet : https://www.atelierseptentrion.com/
Instagram: atelier.septentrion.je
Adresse : 3 rue Gisèle Freund, Rennes